J’ai entendu parler pour la première fois du projet des Swiss Medical Teams grâce à mon chef de clinique, qui y a participé en 2023. L’idée m’a immédiatement fasciné mais comme il a rapidement changé d’employeur, je n’ai pas pu donner suite à ce moment-là. Par la suite, j’ai aussi fait la connaissance du Dr Georg Liesch, qui m’a présenté ce projet plus en détail. Il m’a beaucoup parlé et montré des photos d’un pays inconnu, d’une autre culture, de personnes chaleureuses et ouvertes, et de la manière dont ce projet sert à les aider. Je voulais absolument en faire partie. Un jour, lorsqu’il a demandé dans le bureau des assistant.e.s si quelqu’un serait prêt à l’accompagner, ma décision était claire : oui. Absolument.
Au Tadjikistan, les récits sur la chaleur humaine et l’hospitalité se sont confirmés. Néanmoins, ce fut pour moi un petit choc culturel, car tout était différent : une langue étrangère, une autre écriture, une communication rendue possible uniquement grâce à un interprète, aux gestes ou aux quelques phrases que j’avais apprises. Mais nous avons été accueillis à bras ouverts et nous nous sommes immédiatement sentis les bienvenus. À l’hôpital, il régnait une atmosphère très ouverte ; chacun faisait preuve d’attention et de respect envers l’autre. Je ne me suis jamais senti perdu. Cela est en grande partie grâce à l’excellente équipe des SMT. Mes collègues n’ont pas seulement soutenu les médecins tadjiks, mais aussi moi personnellement.
J’ai ainsi pu remplir pleinement mon rôle de chirurgien junior. J’ai dirigé le cours de suture et celui de laparoscopie, montré différentes techniques de suture aux assistants, leur ai appris à faire des nœuds, et les ai guidés dans les exercices de laparoscopie. C’était la première fois que j’enseignais activement et que je transmettais mes connaissances de manière structurée. Un sentiment inhabituel, car je suis encore en formation moi-même. Mais je me suis rapidement adapté à mon nouveau rôle, et j’ai été bien accepté par les médecins sur place. Ils apprenaient vite, montraient de l’intérêt et posaient de bonnes questions, pour lesquelles j’ai parfois dû faire mes propres recherches.
Mes tâches comprenaient également l’assistance lors des visites matinales et postopératoires, ainsi que la participation aux consultations et aux opérations. En particulier au bloc opératoire, j’ai commencé à m’impliquer activement dans des interventions mineures selon le principe « see one, do one, teach one », après avoir été briefé par les collègues des SMT. Bien entendu, un collègue suisse expérimenté était toujours présent au bloc.
Je me suis aussi rendu compte que les changements que nous souhaitons impulser ici ne se feront pas du jour au lendemain. Il manque parfois d’infrastructures et de moyens financiers pour l’entretien, mais aussi de matériel pédagogique et de savoir-faire. Ce paradoxe me saute aux yeux : on construit un bel hôpital moderne, mais les chirurgien.ne.s se lavent les mains avec du savon avant l’opération, faute de désinfectant. Des machines de dialyse sont achetées, mais il manque les filtres et le savoir-faire – elles finissent dans un débarras. Le système de ventilation du bloc tombe en panne, il fait 40 °C dans la salle – mais il n’y a pas de budget pour la réparation. À la place, on installe des climatiseurs.
Malgré cela, des améliorations concrètes ont déjà eu lieu : le principe « un panier – une opération » est plus souvent appliqué, et les techniques chirurgicales modernes remplacent progressivement les méthodes soviétiques. Les visites et consultations sont devenues plus ciblées et centrées sur les patient.e.s.
On peut s’attendre à ce que cette évolution continue. Le nouveau directeur de la clinique est très engagé, ouvert aux suggestions, et possède l’autorité nécessaire pour faire bouger les choses. Rome ne s’est pas construite en un jour, et on ne fait pas de miracles en deux semaines – mais on voit clairement que nous sommes sur la bonne voie. Et cela me réjouit beaucoup de savoir que j’ai peut-être pu y contribuer modestement.
Cette mission au Tadjikistan m’a clairement fait sortir de ma zone de confort – ce que je savais à l’avance et que je souhaitais expressément. Car c’est en dehors de cette zone que l’on grandit. J’ai le sentiment d’avoir grandi, en tant que médecin et en tant qu’être humain.
Depuis mon retour, on me demande souvent comment c’était et si je repartirais. Ma réponse est : c’était une expérience incroyablement enrichissante. J’ai beaucoup appris, vécu et ri. Je repartirais tout de suite, sans hésitation. Je recommande à toute personne à qui l’occasion se présente de la saisir – car cette expérience reste gravée dans la mémoire pour la vie.
Je tiens à remercier chaleureusement l’équipe sur place à Qubodiyon, qui a rendu cette expérience si spéciale. Je remercie également le Swiss Medical Team et la SGC, qui m’ont permis de participer à cette mission. Merci infiniment !
Swiss Medical Teams
Les Swiss Medical Teams (SMT) sont une association à but non lucratif qui s’engage pour une amélioration durable des soins médicaux dans les pays disposant de ressources limitées. Fondée il y a plus de 25 ans par des professionnel.le.s de la santé engagé.e.s en Suisse, notre équipe travaille bénévolement sur le terrain pour mener des projets à long terme, adaptés aux besoins et ressources locaux.
Au cœur de notre mission se trouvent la formation et le perfectionnement du personnel médical dans les pays d’intervention. Par des missions semestrielles de deux à trois semaines, nous apportons savoir-faire, formations et soutien pratique afin de renforcer les structures locales de santé et de promouvoir leur autonomie. Nous collaborons étroitement avec les autorités sanitaires nationales et régionales ainsi qu’avec des institutions académiques pour construire des structures durables.
Les Swiss Medical Teams (SMT) sont une association à but non lucratif qui s’engage pour une amélioration durable des soins médicaux dans les pays disposant de ressources limitées. Fondée il y a plus de 25 ans par des professionnel.le.s de la santé engagé.e.s en Suisse, notre équipe travaille bénévolement sur le terrain pour mener des projets à long terme, adaptés aux besoins et ressources locaux.
Au cœur de notre mission se trouvent la formation et le perfectionnement du personnel médical dans les pays d’intervention. Par des missions semestrielles de deux à trois semaines, nous apportons savoir-faire, formations et soutien pratique afin de renforcer les structures locales de santé et de promouvoir leur autonomie. Nous collaborons étroitement avec les autorités sanitaires nationales et régionales ainsi qu’avec des institutions académiques pour construire des structures durables.